Comme chaque année en janvier, Agrocampus Ouest et l'Université de Lille 1 proposent une semaine de formation pour des étudiants de niveau master 2 autour de la betterave et du programme AKER.

etudiants-profEn 2016, environ 25 étudiants étaient réunis à Rennes à Agrocampus Ouest par Anne Laperche, maître de conférences en génétique et amélioration des plantes, tandis qu'une dizaine d'autres étudiants suivaient les séances par visioconférence à Lille avec Jean-Louis Hilbert, professeur à l'Université de Lille 1. Le module proposé s'intitule : « Sélection assistée par marqueurs et sélection génomique : application à une plante allogame, la betterave sucrière ». Nouveauté cette année, le colza et son programme RAPSODYN, l'équivalent d'AKER, s'invitaient sur les bancs d'Agrocampus Ouest.

Tandis que les étudiants présentaient la synthèse de leur semaine de formation, la session s'est terminée par une table ronde entre Lille et Rennes en présence d'Olivier Robert, directeur du Laboratoire de Génétique et de Biométrie chez Florimond Desprez, et co-leader du WP6 du programme AKER. Quel est l'avenir de la sélection génomique ? Quelles sont ses limites ? Peut-on combiner sélection génomique et sélection assistée par marqueurs ? Quelles sont les compétences attendues du sélectionneur du futur ? Telles étaient les questions posées.

etudiants« La sélection génomique est un outil supplémentaire dans la panoplie du sélectionneur, déclare Olivier Robert, elle constitue probablement une réelle innovation de progrès, mais pas de rupture ». Il faut rappeler que le principal intérêt de la sélection génomique est de permettre de gagner en efficacité de sélection dans le parcours d'obtention d'une variété, et qu'elle va concourir à éliminer rapidement les moins bons sujets des cycles de sélection à défaut d'en sortir les meilleurs. « Au final, poursuit Olivier Robert, la sélection génomique ne va pas remplacer le sélectionneur de terrain. Mais celui-ci n'est plus tout seul dans son champ, il dispose d'un outil supplémentaire pour l'aider dans ses choix. Il devra continuer à faire la synthèse des différents résultats de génotypage et de phénotypage, mais son choix restera fondé principalement sur le phénotypage ». Le métier de sélectionneur de terrain évolue et se complexifie car il doit associer l'expérience du terrain à l'utilisation de résultats produits par de nouveaux outils de sélection.

Petite histoire de la sélection : l'exemple de la betterave

profA l'attention des étudiants, Bruno Desprez, président de Florimond Desprez Veuve & Fils et président du comité de coordination du programme AKER, a retracé l'histoire de la sélection « car l'amélioration de la betterave retrace bien l'amélioration des plantes ». Et de rappeler la genèse de la société dont il est l'héritier, au temps où Florimond Desprez était d'abord producteur de semences dans la Pévèle avant d'être sélectionneur. « Bien avant l'arrivée de Mendel, la sélection massale est devenue sélection héréditaire grâce à la famille de Vilmorin, et le dosage du sucre par densité a laissé la place à la méthode chimique par réduction des sels de cuivre, sous l'impulsion de Louis Pasteur et Charles Viollette, tous deux successivement doyens de la faculté des sciences de Lille ». Par la suite, le métier de sélectionneur s'est affiné avec le génotypage et le phénotypage, et le secteur des semences s'est considérablement concentré. Aujourd'hui, il est aux mains de sociétés multinationales spécialisées ou majoritairement présentes dans le secteur de la chimie, mais aussi dans des entreprises coopératives ou encore familiales telles que Florimond Desprez. Pour reprendre une image littéraire qu'il affectionne, Bruno Desprez conclut : « Notre métier consiste avant tout à être auteur, mais aussi éditeur, et encore libraire ».