Pour Nicolas Henry, directeur du LBE (Laboratoire Betteraves et Chicorée) chez Florimond Desprez et co-leader du WP4 (phénotypage), le programme AKER est un défi, un challenge aussi motivant que stressant, une véritable aventure humaine.
Nicolas Henry a toujours été intéressé par la biologie, et la biologie végétale. Originaire d’Anjou, il est maître es-sciences de l’Université d’Angers en « Biophysiologie appliquée aux productions végétales », puis il intègre l’Agro Paris-Grignon (AgroParisTech) d’où il sort avec un DAA « Ingénierie des productions végétales ». Après une incursion au cours de ses stages dans l’artichaut et le choux fleur à l’INRA de Plougoulm, puis dans le maïs ensilage chez Pioneer Génétique en Bretagne, Nicolas arrive chez Florimond Desprez en Janvier 2001 pour occuper le poste de sélectionneur betteraves « partie racine ».
Des métiers différents
En 2005, il est nommé directeur du LBE (Laboratoire Betteraves et Chicorée), ce qui l’amène à gérer le service du point de vue administratif y compris le Crédit Impôt Recherche. Mais il en est aussi le responsable technique, et à ce titre entre autres responsable de l’inscription des variétés. « Ce sont des métiers différents », explique Nicolas, « et il y a d’ailleurs un risque de devenir de plus en plus bureaucrate, et de moins en moins homme de terrain », avoue-t-il.
Le Laboratoire Betteraves et Chicorée compte une trentaine de collaborateurs permanents et l’équivalent de 20 temps pleins saisonniers (ce qui représente une quarantaine de personnes au plus fort de la période de mars à décembre). « Sur le budget total du laboratoire, environ 20 % sont consacrés au programme AKER en année normale, depuis son lancement, mais ce chiffre sera nettement supérieur en 2018 en raison du phénotypage au champ des 3 000 génotypes », poursuit Nicolas. « Notre service contribue largement au programme en ayant recherché, introduit, développé, testé le nouveau matériel génétique ». Citons les croisements manuels avec les plantes sauvages effectués au départ par Karine Henry, son épouse, sélectionneur betteraves ; les rétrocroisements, les autofécondations ; les hybridations en cage en 2017, dont le volume a doublé pour satisfaire le programme ; le semis, la récolte, les tests de conservation, dont les volumes vont tripler ; les observations des maladies foliaires, notamment la cercosporiose avec drone ou phénomobile, etc. « Nous aurons à gérer 63 000 parcelles d’essais et observatoires (montées à graine, maladies foliaires et forte pression rhizomanie, conservation) pour le programme AKER cette année ».
Investissements rapidement amortis
La pression est forte, c’est le moins que l’on puisse dire. « La crainte de l’échec est stressante vu les attentes de la filière. C’est un boulot de dingue, et je me dois d’encourager le personnel », poursuit Nicolas qui est pourtant toujours d’humeur égale. Selon lui, « AKER est un exploit technique qui passe par des collaborateurs motivés, réalisant un superbe travail, et par des investissements conséquents ». Certes, les investissements sont coûteux (par exemple, l’arracheuse dédiée aux essais), mais ils seront rapidement amortis en raison des volumes à traiter. Pour Nicolas Henry, l’intérêt d’AKER passe encore par la démarche originale du programme, par des thématiques qu’on n’aurait jamais traitées, et par des rencontres qu’on n’aurait jamais eu l’occasion de faire.
Et l’avenir ? « Nous espérons, sinon la sortie de variétés d’exception, tout au moins obtenir des gènes d’intérêt remarquables, et ce pour améliorer la compétitivité de la filière betterave face à sa concurrente la canne, et celle de Florimond Desprez qui est au service de la filière », conclut Nicolas.